Vendredi, 8 février.
Comme premières conférences aux étudiantes en de maîtrise en
français de l’Université de Pune – le féminin l’emporte sur le masculin puisqu’il
n’y a qu’un seul homme sur un groupe de 18 –, traiter de l’évolution de la femme
était-ce casse-gueule, me suis-je demandé plusieurs fois ? Il m’était impossible de ne pas avoir en tête
le viol et le meurtre terrifiants qui ont eu lieu à New Delhi, ou d’autres tout autant cruels, mais
qui ont moins défrayé les manchettes, et je tentais de me rassurer en me disant
que je ne pouvais obtenir que de bonnes réactions. Mais j’avais quand même
quelques appréhensions, causées par les différences culturelles.
Des appréhensions injustifiées, puisque pendant mes
interventions, j’ai vu des hochements de tête, des sourires approbateurs ou
plutôt de reconnaissance d’une réalité… Il y avait une adéquation entre ce que je leur livrais comme
informations sur les conditions de femmes ayant eu cours au Québec et ce que beaucoup de femmes vivent encore en
Inde. La société indienne étant
millénaire et assez codifiée est un lourd paquebot qui, pour changer de cap, a
besoin de temps. Attention, cela ne veut pas dire que toutes les femmes sont
soumises et démunies… oh que non! La
preuve étant ces professeures qui m’ont
accueillie et ces jeunes femmes qui étudient, qui réfléchissent à leur
condition et qui, je le pense bien, aspirent à une vie autonome.
À travers l’évolution sociale des femmes, j’ai traité de
l’écriture des femmes et de sa place au sein de l’institution littéraire. Bien sûr, il m’a fallu arrêter mon choix sur
quelques auteures dans la nuée de femmes qui ont écrit et qui écrivent encore
pour n’approfondir l’étude que de trois auteures. Mais j’ai quand même profité
de ce panorama pour leur lire des extraits d’œuvres qui ont ébranlé le socle disons
patriarcal de la société québécoise des années 70. Encore une fois, je me demandais quelle
serait leur réaction à l’écoute des textes que sont Les fées ont soif, de Denise Boucher – je leur ai lu la fin du monologue du procès
contre Madeleine, qui se termine par l’acquittement du violeur, même si on
reconnait qu’il y a viol parce que « violer une putain, c’est pas
violer » – et des poèmes tirés de Bloody
Mary et de Nécessairement putain,
de France Théoret. Vous savez, le prix Athanase-David, 2012 ;-) Bien sûr, je les ai prévenues du
caractère provocateur, souvent violent
de ces textes et des raisons derrière cette façon d’écrire. Encore une fois, leur réaction en fut une
d’ouverture et de compréhension.
En plus, ces étudiantes ont répondu à mes questions, m’en
ont posées, en grand groupe ou seule à seule. Prendre la parole devant ces
étudiantes indiennes, interagir avec elles, tout cela est un cadeau.
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