Maharashtra-Québec

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lundi 11 février 2013

Mais non, je ne suis pas Jean Boisvert, mais Liette Bergeron et je poursuis le blogue de Jean puisque je suis à Pune, pour donner moi aussi des conférences sur la littérature française.


Vendredi, 8 février.

Comme premières conférences aux étudiantes en de maîtrise en français de l’Université de Pune – le féminin l’emporte sur le masculin puisqu’il n’y a qu’un seul homme sur un groupe de 18 –, traiter de l’évolution de la femme était-ce casse-gueule, me suis-je demandé plusieurs fois ?  Il m’était impossible de ne pas avoir en tête le viol et le meurtre terrifiants qui ont eu lieu à New  Delhi, ou d’autres tout autant cruels, mais qui ont moins défrayé les manchettes, et je tentais de me rassurer en me disant que je ne pouvais obtenir que de bonnes réactions. Mais j’avais quand même quelques appréhensions, causées par les différences culturelles.

Des appréhensions injustifiées, puisque pendant mes interventions, j’ai vu des hochements de tête, des sourires approbateurs ou plutôt de reconnaissance d’une réalité… Il y avait  une adéquation entre ce que je leur livrais comme informations sur les conditions de femmes ayant eu cours au Québec  et ce que beaucoup de femmes vivent encore en Inde.  La société indienne étant millénaire et assez codifiée est un lourd paquebot qui, pour changer de cap, a besoin de temps. Attention, cela ne veut pas dire que toutes les femmes sont soumises et démunies… oh que non!  La preuve étant  ces professeures qui m’ont accueillie et ces jeunes femmes qui étudient, qui réfléchissent à leur condition et qui, je le pense bien, aspirent à une vie autonome.

À travers l’évolution sociale des femmes, j’ai traité de l’écriture des femmes et de sa place au sein de l’institution littéraire.  Bien sûr, il m’a fallu arrêter mon choix sur quelques auteures dans la nuée de femmes qui ont écrit et qui écrivent encore pour n’approfondir l’étude que de trois auteures. Mais j’ai quand même profité de ce panorama pour leur lire des extraits d’œuvres qui ont ébranlé le socle disons patriarcal de la société québécoise des années 70.  Encore une fois, je me demandais quelle serait leur réaction à l’écoute des textes que sont Les fées ont soif, de Denise Boucher –  je leur ai lu la fin du monologue du procès contre Madeleine, qui se termine par l’acquittement du violeur, même si on reconnait qu’il y a viol parce que « violer une putain, c’est pas violer » – et des poèmes tirés de Bloody Mary et de Nécessairement putain, de France Théoret.  Vous  savez, le prix Athanase-David, 2012 ;-)  Bien sûr, je les ai prévenues du caractère  provocateur, souvent violent de ces textes et des raisons derrière cette façon d’écrire.  Encore une fois, leur réaction en fut une d’ouverture et de compréhension. 

En plus, ces étudiantes ont répondu à mes questions, m’en ont posées, en grand groupe ou seule à seule. Prendre la parole devant ces étudiantes indiennes, interagir avec elles, tout cela est un cadeau.

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