Maharashtra-Québec

Maharashtra-Québec

mardi 26 février 2013


Samedi, le 23 février, c’était le séminaire annuel qui réunit les différentes sections du « Department of Foreign Languages », qui comprend, outre le français, l’allemand, l’espagnol, le japonais et le russe. Cette année, le thème du séminaire était la musique. Ce fut très intéressant, car cela nous a fait voyager.

Ce sont deux étudiantes en français qui ont commencé. Elles ont parlé de la chanson française moderne, expliquant les différents genres, autant la chanson à texte, celle des femmes à la voix douce, le rap, le slam, etc., tout en illustrant leur propos d’extraits audio. À la fin, des étudiantes des deux années ont chanté « La maladie d’amour » à laquelle elles ont intégré des couplets d’une chanson bollywoodienne, qui partage les mêmes thèmes. Une belle finale!


A suivi une communication sur la chanson engagée allemande, à partir de quatre exemples choisis dans le temps. Comme quoi, les Allemands n’ont jamais eu la langue dans leur poche! Malgré quelques problèmes techniques qui ont dû mettre ses nerfs à vif, le tuteur allemand a su captiver l’attention.
La 3e communication portait sur une étude comparative entre la musique classique indienne à la musique classique occidentale. La jeune femme qui a fait cette présentation est une étudiante du secteur allemand, mais c’est aussi une chanteuse depuis de nombreuses années. Elle a commencé par une explication du rythme, des ragas, de l’improvisation… et elle nous chantait ses exemples, ce qui était très touchant et très pédagogique. Elle nous a expliqué que malgré des règles très strictes sur le plan du rythme, le chanteur peut, doit improviser. En fait, il est le seul maître à bord de son spectacle, selon sa voix et sa propre expérience, ce qui est très différent de la musique occidentale classique, où toutes les partitions sont écrites, et que les musiciens doivent respecter à la lettre. Il faut dire que le nombre de musiciens dans les orchestres et celui de la musique hindoustanienne – quatre ou cinq  –  n’ont rien en commun!  Bon, vous aurez compris que j’ai eu un coup de cœur pour cette présentation et pour cette étudiante chanteuse J  J’en aurais pris encore!  Il faut dire que j’aime beaucoup la musique indienne, mais malgré les explications de mon ethnomusicologue d’ami, je ne saisis pas tout, ce qui n’est pas si âave puisque j’apprécie et tranquillement j’apprends.


Par la suite, une doctorante en études musicales comparées (musiques indienne et japonaise), ancienne étudiante du secteur japonais,  a traité des différents instruments utilisés dans la musique traditionnelle japonaise. Encore une fois, grâce à mon  ehnomusicologue d’ami, j’ai reconnu un (seul) instrument, mais ne me demandez pas le nom, je l’ai encore oublié! Cette présentation très précise, avec extraits audio et vidéo à l’appui, a permis à tous de prendre contact avec cette musique, qui est aussi peu connu en Inde qu’au Québec, si j’en crois les réactions de la salle, aux questions de l’intervenante. Cette femme est aussi une chanteuse et a terminé sa communication par un extrait d’un chant japonais.


La dernière communication était celle du secteur espagnol, qui nous ont fait faire un tour de la musique et de la chanson espagnoles, mais en oubliant pas la catalane et la basque.  Là, je ne sais pas si j’étais la seule, mais j’étais en terrain plus connu, reconnaissant même des airs.  Il faut dire que les deux femmes ont commencé leur intervention en parlant des Gypsie King. Là, j’avoue que je suis restée baba : on connait les Gypsie King en Inde !?!! Eh ben!  Là, j’avoue ma naïveté. Ne me demandez pas pourquoi, je ne croyais pas qu’ils avaient traversé les frontières occidentales. C’est vrai, la mondialisation! Mais il y en avait d’autres que je connaissais. Aussi, c’ était bien d’entendre toute cette fougue dans la musique espagnole, même dans les différentes régions.  Et je reviens aux incursions catalane et basque, cela m’a fait plaisir qu’ils ne soient pas oubliés – cela doit être mon côté société minoritaire ;-) – et surtout d’entendre et de voir leurs particularités.
Bref, une journée enrichissante!  Il faudrait trouver un moyen de copier cette idée, je ne sais, peut-être dans la formation générale.

Une semaine après la fin de mes conférences, j’ai réussi à réunir les trois collègues pour un genre de photo officielle.  Vraiment, ce fut et c’est, puisque je suis encore à Pune pour quelques jours, un honneur et un plaisir de les côtoyer, de discuter avec elles  – encore une fois, le nombre l’emporte sur la grammaire française  –  sur quantité de sujets. Cette expérience est enrichissante.


Moi, Sachin Suskhadeve, Ujjwala Joglekar et Manjiri Khandekar.


Parfois la littérature prend de bien drôle de chemin pour venir à soi!  En Inde, je suis entrée en contact avec la littérature suisse romande!  Oui, oui!  Cela grâce à Manjiri qui a fait un séjour là-bas et qui l’a enseignée ici au «Department of Foreign Languages ». Elle m’a donc prêté un roman de C.F. Ramuz, La beauté sur terre, un classique. Cet homme a un souci du détail qui donne à voir. Aussi, D’or et d’oublis, d’Anne Cuneo, un récit un peu policier sur les notaires qui ont volé de l’argent aux Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale : on apprendra toujours des choses sur cette période.  Et un troisième, La punta, d’Yvette Z'graggen, qui parle des relations de couple, alors que tous les deux sont à la retraite.  Vraiment toutes de belles décourvertes. Allez-y!

Vous ai-je dit combien les Indiens sont accueillants ?! Qu’ils prennent un soin fou des gens qu’ils reçoivent ??  Je ne peux passer sous silence le fait que l’endroit où je loge est tenu par ce que je pourrais appeler une association double, l’une Vanasthali qui a pour but d’éduquer les enfants des régions rurales autour de Pune, de même que de doter les femmes de formations qui vont leur permettre de mieux s’en sortir sur le plan financier et personnel.  Le deuxième volet s’appelle «Friends of France», dont le but est l’échange culturel entre des Indiens et des Français.  Depuis jeudi, l’association accueille neuf Français d’horizon divers et leur offre de belles activités. Alors, comme je parle français, qu’ont fait les dames qui s’occupent de ces associations ?  Eh oui, elles m’ont invitée à participer aux activités qui me plaisaient. Une autre belle occasion!





Dimanche, je suis donc allée dans une « hill station », Panchgani, dont la particularité, en plus de son climat et de son air pur, est la culture de la fraise J  Alors, nous nous sommes regroupés dans des voitures des familles qui accueillent les Français et nous avons eu une journée magnifique, avec des paysages à couper le souffle, un repas merveilleux, dont un dessert qui a fait plaisir à celle qui est née au temps des fraises : des fraises, de la crème et un sirop sucré à la fraise : divin!  Ensuite, visite à une ferme qui appartient à des gens qui accueillent.  C’est aussi ce qu’ils ont fait : nous accueillir comme des rois.  Nous avons eu droit à une promenade en charrette tirée par des bœufs blancs, une séance de traite à la main  – j’avoue! J’ai goûté à du lait fraichement tiré, une première et non, je n’ai pas été malade du tout! – et une visite du petit village où nous avons là aussi été très bien reçus.  En plus, on nous réservait une surprise : un souper qui fut pris à l’extérieur, à cette ferme, un souper préparé avec tous les produits de la ferme : les aubergines, les « drum’s sticks » ­ – ça pousse dans les arbres  –, même le riz!  Délicieux!  J’ai vu aussi des manguiers, mais les mangues d’ici ne seront pas prêtes avant un mois et demi. Fraises et mangue : le nirvana ;-)


Pour nous accueillir!
La dame qui nous recevait. Ce sont des "drums sticks", ca pousse dans les arbres et ca se mange!



Je sais que je vais m’ennuyer des gens que j’ai rencontrés à Pune!

vendredi 22 février 2013


Mardi étant jour férié, les professeurs sont libres.  Ujjwala, Conchika, Alice et moi allons donc visiter des grottes dans les environs de Pune. Il y a deux sites. Le premier est bouddhiste, Bhaje.  Il y a des énormes cloches qui sont, semble-t-il, des écritures, probablement des prières. En fait, dans ma tête d’Occidentale, cela ressemble à des énormes moulins à prière. C’est très beau et dans les grottes, c’est frais.  Il y a quelques belles sculptures.  Je n’ai pas pris de photo de la nature, mais entre le moment où Jean est allé et moi, c’est la mousson et la saison sèche : tout un monde! Moi, cela semble désertique!  Allez voir les articles de Jean et les photos!

















Un peu plus loin, des grottes plus récentes, enfin... qui sont hindoues, le site s’appelle Karla. Comme il y a un temple à l’extérieur des grottes, que c’est férié, le site est très fréquenté. Le long du parcours pour y monter, il y a des petits marchands, qui vendent des offrandes, des rafraichissements. Cela met de la vie.
Une fois rendues au site, c’est très impressionnant de voir la grandeur majestueuse de cette voûte creusée dans le roc, il y tellement de temps. Les sculptures aussi sont magnifiques.
Au retour, nous nous arrêtons manger dans un dhaba, un resto, où on élève aussi des émeus, des canards et autres volailles. On y va pour l’omelette avec un énorme œuf d’émeu. Il y aurait eu de l’omelette pour 6-7 personnes!

Ce fut une journée enrichissante!

Bon, désolée pour le sens de certaines photos... technouille vous dis-je!








Le jeudi, en début d’après-midi, malgré la chaleur, Alice, la tutrice française, et moi allons visiter le temps de Parvati, qui est situé sur une colline d’où on voit bien toute la ville de Pune, qui a environ 5 millions d’habitants. Sur ce lieu haut perché, c’est le silence, ce qui est apprécié, car les villes indiennes sont très bruyantes, la conduite se faisant au klaxon! Sur le site, plusieurs temples que nous visitons et aussi un musée dédié aux Peshwa, une dynastie qui a dirigé le Maharashtra.  Il y a des portraits de chacun d’eux et  des scènes magnifiques.














À 15h30, nous avons rendez-vous avec Manjiri et Sachin, tous deux professeurs au Department of Foreign Languages,  pour aller visiter un fort, qui se trouve à environ une heure de Pune. Sur le chemin, nous croisons un très grand lac, sur lequel se trouvent des voiliers. C’est la première fois que je vois un si grand lac en Inde, et à Alice et à moi, ce lac nous fait penser chacune aux lacs de nos pays.
La route pour se rendre au fort ressemble plus à un chemin forestier qu’à une voie qui mène à un lieu touristique. En plus comme nous allons en montagne, elle est tortueuse, en épingle. Là, le klaxon est utile pour signaler notre présence, car on ne voit pas s’il y a quelqu’un de l’autre côté du virage. Moi qui ai le vertige, je suis à la fois attirée par la beauté du paysage et un peu forcée à regarder droit devant ou sur le côté pour ne pas être mal.
La photo est de Sachin Sukhadeve, professeur de littérature 

Mais la vue! Ces montagnes ressemblent à ce qu’on voit sur les cartes ou les globes terrestres avec du relief.  Et il y en a à perte de vue. Il doit y avoir de belles randonnées à faire, mais pas sous un soleil de plomb.
Une fois l’auto stationnée, il nous reste à grimper environ 500 mètres pour atteindre les vestiges du fort, quelques murs… Le paysage est tellement magnifique. Et alors que l’été qui commence a déjà asséché plusieurs arbres, en haut, il y a beaucoup de verdure. Ici aussi c’est calme, frais. C’est un bonheur.
Sur le chemin, on a croisé un petit garçon qui nous a chanté l’histoire de celui qui fait construire ce fort ou celui qui l’a pris, je ne suis plus certaine. C’était mignon, d’autant plus qu’un vieil homme s’est mis à chanter lui aussi!  Ah!  La compétition commence tôt! J’ai un vidéo du petit, mais je n’arrive pas à le télécharger L  technouille! Voici une photo du vieil homme, mais pas sur le bon sens :-(
Lorsque nous sommes revenus, la lune se levait et le soleil couchant illuminait les montagnes. C’était presque romantique ;-)
Je suis vraiment chanceuse qu’on me fasse découvrir ces richesses de la région de Pune.

mercredi 20 février 2013


Lundi matin, c’était ma dernière intervention au « Department of Foreign Languages » de l’Université de Pune L Je leur parlais de L’île de la Merci, d’Élise Turcotte.  Bien que je leur avais photocopié des extraits, pour elles, écouter une conférence sur une œuvre qu’on n’a pas sous les yeux, c’est quand même plus abstrait que lorsqu’on l’a sous les yeux, comme c’était le cas avec Les Fous de Bassan.  Mais quand même, les thèmes des relations familiales, particulièrement mère-fille, de la crise d’identité à l’adolescence, de la peur qu’on transmet aux filles, justement parce qu’elles sont des filles et qu’à cause de cela, elles sont perturbées, on peut dire que cela touche des problèmes universels.  Et dans ce roman, il est même question en arrière-plan de viol de jeunes filles et de meurtre. Encore une fois, le thème est d’actualité.  Et ces œuvres, que ce soit Les Fous de Bassan ou L’Île de la Merci, je ne les ai pas choisies, après les événements de New Delhi, cet automne, mais bien avant. En fait, je les ai choisies parce que je trouve leur auteure importante pour la littérature québécoise. La seule chose, c’est qu’au point de départ, je m’étais mis en tête de parler de sept œuvres.  J’aurais bien aimé, mais il aurait fallu dépasser le temps imparti à l’étude des littératures francophones.  Alors, j’ai fait le choix de ne parler que d’œuvres écrites par les femmes. Et il faut croire que la problématique du viol transcende les auteures et les années. Et si aujourd’hui, elles n’ont eu que des extraits et mon analyse, les œuvres resteront au « department » et elles pourront les emprunter si le cœur leur en dit et le temps leur permet, si j’ai réussi à instiller en elles le goût de les lire.
Après leur cours en après-midi, quelques étudiantes m’ont invitée à aller prendre une bouchée avec elles.  C’était très sympathique de discuter autant de littérature, de livres électroniques, de mariages que de conventions sociales. Deux d’entre elles sont déjà mariées et les deux autres ne désirent pas le faire avant quelques années et elles espèrent trouver quelqu’un qu’elles aiment, sinon elles consentiront à un mariage arrangé, puisque la pression sociale est très forte pour que les femmes ne demeurent pas célibataires. Au cours de cette conversation, j’ai appris qu’il y a quelques générations quand les femmes arrivaient dans la famille de leur mari, non seulement prenaient-elles le patronyme de leur mari, mais qu’elles changeaient aussi de prénom, donné par les beaux-parents et le mari. C’était la disparition totale de l’identité que la femme avait avant son mariage!! Et souvent, dans leur propre famille, on continuait de les appeler par le prénom qu’elles avaient à leur naissance : de quoi perturber! Mais ce n’est plus ainsi.  Les Indiennes gardent leur prénom et la plupart conserve leur nom de famille.
Et ces pauvres ont dû subir mes éternelles questions sur la nourriture !  Il faut dire qu’il me semble que manger soit un sport national en Inde, alors la nourriture est très présente et il y a tellement choses qui ne se sont pas rendues jusqu’au Québec!   
Ah oui!  Samedi, une étudiante, Neeta, a eu la gentillesse de me faire visiter le temps « Chattushringi », situé sur une des collines qui entourent Pune. Il y avait des gens qui faisaient leur exercice matinal en grimpant plusieurs fois les marches pour accéder au temple, d’autres qui pratiquaient du yoga et d’autres qui venaient pour leur dévotion. Le temple est magnifique,  tout en argent. Nous avons reçu la bénédiction du prêtre, sous la forme d’un sachet de sucre. Et après, il faut faire le tour du temple, en partant par la gauche, afin d’aider à notre karma. Vraiment, visiter des temples avec des gens de la place, il n’y a rien de mieux.


En fin d’après-midi, toujours avec Neeta, nous sommes allées dans un quartier qui ressemble à presque à un souk, des marchands de linge, de foulards, de fleurs, il y a de tout et c’est plein de monde, comme lors de festival de jazz de Montréal, pour faire une comparaison boiteuse.  Et nous n’étions pas encore au pic de la journée, paraît-il! Bien sûr, il y avait parfois des motos qui se frayaient un chemin dans tout ce monde!  C’est vraiment dépaysant. Et je n’ai pas réussi à me décider à acheter quoi que ce soit. Je regardais, regardais, plutôt étourdie. J’étais bien contente d’avoir une guide qui parle marathi! 

vendredi 15 février 2013

Le 15 février

Ah non! le temps passe trop rapidement : aujourd'hui, c'était l'avant-dernier cours! Déjà L

Depuis mercredi, le roman Les fous de bassan d'Anne Hébert était à l'honneur. En fait, on a commence par regarder le film réalisé par Yves Simoneau. Au début, je ne voulais présenter que des extraits, surtout pour leur montrer la nature gaspésienne... mais elles ont voulu le visionner au complet. Pourquoi pas !? Ça donnait un certain point de départ avant d'entrer dans le roman, qu'elles ont la plupart entre les mains, mais que seulement deux ont lu au complet, quelques autres deux ou trois chapitres.

Que quatre heures sur ce roman si riche... J'ai choisi de ne parler que de deux thèmes : les relations hommes-femmes et le désir, les deux étant fortement reliés. Il y a quand même une certaine suite entre les Dans les ombres d’Éva Senécal et ce roman de Hébert, dans le désir et le respect ou non des mœurs sociales.

Le fait qu’au moins elles aient le roman sous les yeux fait en sorte qu’elles peuvent mieux suivre ce que je leur dis… je les promène d’un chapitre à l’autre, au gré de mon analyse. Cela me permet aussi d’analyser plus en profondeur ces extraits. Il est évident que cela aurait été encore plus enrichissant si toutes avaient lu le roman au complet, cela aurait permis un véritable échange… Mais bon, ce sont des lectures supplémentaires… J’ai eu quelques questions sur la fin, sur le sens de certains passages, de certaines expressions. Tiens, il me vient une idée, je pourrais rendre disponibles les échanges qui se sont passés sur le forum cet automne. Cela leur permettrait de voir plus en profondeur ce roman, puisque pour chaque chapitre, je posais cinq questions, que les étudiantes ont échangé sur la plupart et que je faisais la synthèse à la fin de la semaine.  Je vais leur offrir. À suivre… il faut que je retrouve mon mot de passe!

Et c'est toujours intéressant de voir les liens que font les étudiantes, selon leurs intérêts, leurs lectures. Hier, après que je leur ai parlé entre autres de Perceval, "l'idiot" du village, une étudiante est venue me parler de la présence de ce personnage dans la littérature québécoise, puisqu'en plus de Perceval, elles ont vu Babine avec Jean Boisvert,  présence qui l’a surprise. Cette étudiant a aussi remarqué un fou du village dans un roman africain, L’aventure ambiguë de  Cheik Ami Doukane et elle se questionnait sur la signification de cet être en marge de la société. S’en est suivie une courte discussion sur la liberté certaine de ces personnages puisque leur entourage croit qu’ils ne comprennent rien, ce qui peut leur donner une force. Très intéressant.

On m’a aussi demandé une liste d’œuvres à lire, québécoises ou françaises, ce qui faut avoir lu selon moi.  Je m’y mets pour leur donner cela lundi.

Et pour terminer, une photo prise le 14 février, où la consigne était de s’habiller en bleu pour à la fois souligner cette fête, mais de façon un peu différente. C’était une initiative d’étudiantes de 2e année.  Il manque quelques étudiantes.  On est devant l’entrée du « Department of Foreign Languages » où demain on souligne le 100e anniversaire de l’enseignement de l’allemand dans cette université. Quand même!

Ah oui!  J’ai oublié !  J’avais commencé à rédiger ce mot au département, mais je fus agréablement arrêtée, puisque Manjiri a appris que sa belle-fille venait d’accoucher d’une petite fille à Phoenix, en Arizona. Avec toute la classe de 2e année, on est allées manger un cornet de crème glacée et Manjiri en a ramené pour celles de première. L’atmosphère était aux célébrations.  Et de la crème glacée à la mangue par cette chaleur: melum!  C’est fou comme on oublie rapidement l’hiver québécois ;-)


Voici une photo a l'entree du temple Pataleshwar, avec dans l'ordre Mrunmayi, Sandra et Tejashree, qu'on a visite samedi dernier.

lundi 11 février 2013

La poursuite des conférences


Le lundi 11 février.

Aujourd’hui, on entre de plein pied dans la littérature. Je parle à mes étudiantes du roman d’Éva Senécal, Dans les ombres, qu’elles n’ont pas lu. Je leur ai quand même passé vendredi dernier deux extraits pour qu’elles aient une idée du style, extraits que nous analyserons demain. Pour illustrer mes propos, je leur cite de nombreux passages. Encore une fois, elles sont très attentives et elles réagissent beaucoup à ce que je dis. Elles ont bien saisi en quoi ce roman est différent de la production acceptée à ce moment-là. Une étudiante me demande s’il est possible d’avoir un exemplaire de ce roman. Eh non!  Aucun éditeur n’a pensé à le rééditer ? ne veut le rééditer ? Tiens, un autre projet pour mon retour. Ce roman d’Éva Senécal et La chair décevante de Jovette Bernier, que des étudiants lisent à l’Université de Sherbrooke.  Quand même, ce n’est pas normal qu’on ne puisse trouver ces deux romans.  Enfin, j’arrête là mon propos éditorial. Mais comme j’en ai parlé ce matin avec elles…  Mais je leur ai promis de leur envoyer une photocopie dès mon retour au Québec. Comme l’a écrit Jean Boisvert, on fait des accrocs aux droits d’auteur, mais comment leur faire connaître cette littérature autrement.

Un dimanche plus québécois


Le dimanche 10 février.

En ce beau dimanche, eh bien, je me promène avec mon frère Alain et sa copine Marie-Claude. Ils sont en Asie de l’Est depuis le début du mois de novembre et ont fait un arrêt à Pune pour me voir. Vous pouvez vous imaginer que ce sont de belles retrouvailles. On se promène dans le vieux Pune où il y a un marché couvert et des marchands le long des petites rues.
 
 
Mais il faut quand même dire que l’événement de la journée, c’est que Manjiri et son mari Prakash nous ont invité tous les trois à souper chez-eux. Ce coupe est d’une hospitalité hors du commun. Encore une fois, la nourriture est excellente et la compagnie l’est encore plus. De gauche à droite, assises, Marie-Claude, moi-même et Manjiri. Debout, mon frère Alain et Prakash, le mari de Manjiri. (La photo est une gracieusité d'Alain, qui lui connait la façon d'alléger des photos. Ne vous en faites pas, je lui demande comment tout de suite ;-) )

Mais bon, à la fin de la soirée, il y a un peu d’émotion chez les Bergeron, Alain et Marie-Claude repartent pour le Kerala, une autre province de l'Inde, qui se trouve plus au sud. La prochaine fois qu’on se reverra, ce sera fort probablement au Québec.  C’est quand même une belle expérience de rencontrer des membres de sa famille dans un autre pays, surtout si loin et si différent du nôtre.

Le samedi, 9 février. 
La semaine ici a 6 jours, alors on travaille et on a cours, même le samedi.  Mais après leur cours d’interprétation de l’anglais en français, deux étudiantes m’ont fait visiter un temple dédié à Shiva, dont la particularité est d’avoir été creusé dans le roc, un peu comme une grotte. Le nom de ce temps est Pataleshwar, "Patale" veut dire « Sous la terre » et "Shwar" signifie Shiva. Le nom veut donc littéralement dire "Le temple sous terre dédié au dieu Shiva". C’est très impressionnant.  De voir les gens faire leur dévotion l’est aussi.  Les deux jeunes filles, qui ont suivi un cours  sur la culture hindoue qu'on retrouve à Pune, m’expliquent l’histoire, les croyances et les gestes que les fidèles posent.  Je ne pourrais avoir de meilleures guides. Nousaccompagne aussi Sandra, une amie de la professeur Khandekar, qui suit le cours d'interprétation afin de conserver la maîtrise du français qu'elle a.
Ah oui! Les photos suivront sous peu. Avec ce nouvel ordinateur, je ne sais comment alléger mes photos et lorsqu’elles sont trop lourdes, cela fait planter le blogue L
Mais je ne vous ai pas parlé de l’accueil des gens d'ici.  La professeure Manjiri Khandear s’occupe de moi comme si j’étais sa propre fille. Alors c’est vous dire que je suis traitée aux petits oignons.  J’ai le privilège d’être hébergée et de manger régulièrement chez son mari et elle.  C’est ce qu’on appelle véritablement entrer dans une culture.  Je pose plein de questions sur tout, la nourriture, les habitudes de vie, tout ce qui me vient en tête!  Et son mari et elle me répondent avec une grande patience.  C’est vraiment enrichissant.
Manriji dirige deux revues, Heritage India et Marahstra unlimited, qu’on peut retrouver sur le Net : http://heritage-india.com/ et http://heritage-india.com/maharashtra-unlimited/. Si vous êtes curieux de connaître l’Inde, ses lieux et ses traditions, allez jeter un coup d’œil à ces deux magnifiques revues.

En plus ce soir, j’ai assisté à un spectacle de danse contemporaine… française. C’est le festival « Bonjour India », alors il y a plusieurs activités culturelles proposées par des artistes français. La troupe « Révolution » ( http://www.cie-revolution.com/) est une troupe qui crée un lien entre le hip hop et la danse classique, ou du moins son spectacle Urban Ballet. Leur numéro sur le « Boléro » de Ravel est à couper le souffle.  Bon, quand même, j’ai une petite tristesse… Dans le cadre de ce festival, on présente un spectacle monté à partir d’extraits d’India Song… mais c’est à Mumbai… soupir… vous connaissez mon amour pour Duras. Enfin…  si au moins, je peux voir un spectacle de baratha natyam, une danse sacrée, avant de quitter l’Inde, je serai comblée!
Mais non, je ne suis pas Jean Boisvert, mais Liette Bergeron et je poursuis le blogue de Jean puisque je suis à Pune, pour donner moi aussi des conférences sur la littérature française.


Vendredi, 8 février.

Comme premières conférences aux étudiantes en de maîtrise en français de l’Université de Pune – le féminin l’emporte sur le masculin puisqu’il n’y a qu’un seul homme sur un groupe de 18 –, traiter de l’évolution de la femme était-ce casse-gueule, me suis-je demandé plusieurs fois ?  Il m’était impossible de ne pas avoir en tête le viol et le meurtre terrifiants qui ont eu lieu à New  Delhi, ou d’autres tout autant cruels, mais qui ont moins défrayé les manchettes, et je tentais de me rassurer en me disant que je ne pouvais obtenir que de bonnes réactions. Mais j’avais quand même quelques appréhensions, causées par les différences culturelles.

Des appréhensions injustifiées, puisque pendant mes interventions, j’ai vu des hochements de tête, des sourires approbateurs ou plutôt de reconnaissance d’une réalité… Il y avait  une adéquation entre ce que je leur livrais comme informations sur les conditions de femmes ayant eu cours au Québec  et ce que beaucoup de femmes vivent encore en Inde.  La société indienne étant millénaire et assez codifiée est un lourd paquebot qui, pour changer de cap, a besoin de temps. Attention, cela ne veut pas dire que toutes les femmes sont soumises et démunies… oh que non!  La preuve étant  ces professeures qui m’ont accueillie et ces jeunes femmes qui étudient, qui réfléchissent à leur condition et qui, je le pense bien, aspirent à une vie autonome.

À travers l’évolution sociale des femmes, j’ai traité de l’écriture des femmes et de sa place au sein de l’institution littéraire.  Bien sûr, il m’a fallu arrêter mon choix sur quelques auteures dans la nuée de femmes qui ont écrit et qui écrivent encore pour n’approfondir l’étude que de trois auteures. Mais j’ai quand même profité de ce panorama pour leur lire des extraits d’œuvres qui ont ébranlé le socle disons patriarcal de la société québécoise des années 70.  Encore une fois, je me demandais quelle serait leur réaction à l’écoute des textes que sont Les fées ont soif, de Denise Boucher –  je leur ai lu la fin du monologue du procès contre Madeleine, qui se termine par l’acquittement du violeur, même si on reconnait qu’il y a viol parce que « violer une putain, c’est pas violer » – et des poèmes tirés de Bloody Mary et de Nécessairement putain, de France Théoret.  Vous  savez, le prix Athanase-David, 2012 ;-)  Bien sûr, je les ai prévenues du caractère  provocateur, souvent violent de ces textes et des raisons derrière cette façon d’écrire.  Encore une fois, leur réaction en fut une d’ouverture et de compréhension. 

En plus, ces étudiantes ont répondu à mes questions, m’en ont posées, en grand groupe ou seule à seule. Prendre la parole devant ces étudiantes indiennes, interagir avec elles, tout cela est un cadeau.