Maharashtra-Québec

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mardi 26 novembre 2013

La tournée sherbrookoise!



Les rues en pente rude de Sherbrooke me font penser à Lausanne. Mais je crois qu’entre le lac d’Ouchi et la colline la plus haute de Lausanne, il y a une différence de plus de 500 mètres, cela fait 18 ans que j’y ai passé 6 mois.
Que les habitations se développent autour des rivières est un phénomène assez normal, mais Sherbrooke s’est développé autour de la centrale hydroélectrique de la rivière Saint-François. D’abord exploitation commerciale de la ressource naturelle et puis la civilisation, l’urbanisation a eu lieu.
Les murales de Sherbrooke sont uniques. Faire peindre les murs sans fenêtres pour embellir la ville est une bonne idée. Je n’en ai vu qu’une seule, et celui-ci met en relief l’air du village, au moins par rapport au Montréal. 




 

Le B&B Champs de Provence sur la rue de Québec est sympa, Alexie et Céline, les hôtes, font un bon accueil, me mettent à l’aise. Je serai chez eux pour deux jours, lundi après-midi Liette Bergeron sera de retour et puis sa maison sera mon dernier logement.
                Le soir Serge m’a invitée à souper au restaurant avec sa famille. Mme Ping et la petite Emmanuelle sont très aimables. Ils ont apporté une bouteille de vin avec eux, que la serveuse ouvre pour nous. Le lendemain soir je suis invitée chez eux et Ping va préparer un repas chinois.
 




Dimanche, le 13 octobre 2013
                Une excellente après-midi mémorable où Serge me fait découvrir la région de l’Estrie. Nous passons d’abord à l’Université de Sherbrooke, nous longeons un peu les différents bâtiments du campus, et puis nous partons vers le lac Massawipi. La route descend considérablement et alors seulement je me rends compte à quelle hauteur nous étions. 




La route de Coaticook passe par les plaines, Serge se trompe de route, et c’est encore un voyage agréable. La conversation tourne autour des maisons style anglais dont Serge a envie, du prix des maisons, etc. Plus tard, quand nous passons devant une ferme avec de belles vaches, ce que Serge dit à propos du prix d’une vache est incroyable : une maison de campagne peut coûter 100,000 dollars canadiens, tandis qu’une vache peut valoir 200,000 dollars canadiens !!! Je me souviens, mes beaux-parents avaient vendu leur bufflesse pour 20 mille roupies il y a huit ans.
                Nous croisons une cabane à sucre et Serge, qui fait un détour pour y jeter un coup d’œil. C’est dans cette cabane qu’est bouillie la sève des érables, qu’on appelle « eau d’érable » qui est recueillie en les entaillant. En bouillant, l’eau d’érable peut devenir du sirop ou de la tire, selon le temps qu’elle bouille.




Le pont suspendu sur la rivière Coaticook et le vallon perché sont beaux et aussi populaires. Pour la première fois je vois du monde - plus de 50 à la fois qui se trouvent là par hasard. Un passage mène au pont et les pas d’autrui font bouger le pont, exigeant de l’effort pour garder la main sûre en prenant les photos depuis le pont. Il y a des marches à l’autre bout qui descendent jusqu’à la rivière. Le panneau dit qu’il y a des siècles, l’eau pouvait toucher le pont suspendu qui se trouve à des centaines de mètres au-dessus de la rivière actuelle.
               

 
Une centrale hydraulique tout près avait un visiteur particulier – un chien aussi gros qu’un poney dont la propriétaire était visiblement très fier.



Le soir Serge revient me chercher pour aller souper chez lui : Ping, sa conjointe, et Emmanuelle leur fille que j’avais déjà rencontrées la veille étaient là, aussi chaleureuses. Le repas était délicieux et Emmanuelle a joué du piano. L’année prochaine elle ira dans une école qui lui permettra de continuer l’apprentissage de la musique.





Lundi, le 14 octobre 2013
                Le climat a changé, il a plu la nuit et aussi le matin jusqu’à 9h. Je vais quitter le B&B Champs de Provence ce matin. Le ciel est toujours gris et quand Serge vient me chercher, on fait ce que font les Sherbrookois : aller aux grandes surfaces. C’est la façon de sortir par un climat peu agréable.
                L’après-midi Liette Bergeron est de retour. Elle vient me chercher au bistro où nous sommes. Et deux Sherbrookois font connaissance par la connexion Pune que je représente !
                La maison de Liette est  particulière. Dommage je n’ai pas pris de photos de partout. C’est plus qu’une maison attenante. Il y a cinq locataires – deux à gauche, deux à droite et un derrière. Les deux portes principales sont laissées déverrouillées, étant l’accès commun aux deux locations du rez-de-chaussée et à l’étage. Chez Liette c’est le premier étage et une partie du grenier. Ma chambre est au grenier à côté du bureau de travail. Monter ma grosse valise par l’escalier raide est un accomplissement en soi. Maintenant je connais le secret de Liette la svelte : monter et descendre cet escalier plusieurs fois par jour et aussi aller au travail à pied.
                Nous allons de nouveau aux grandes surfaces et cette fois le nombre de voitures au parking est beaucoup plus élevé. Liette aime cuisiner et elle y est douée. La crème glacée qu’elle avait choisie au supermarché est bonne aussi.
Mardi, le 15 octobre 2013
                 Le matin Liette m’accompagne au Cégep. Jean Boisvert est déjà à son bureau. Il nous sert un thé indien. On discute un peu la pièce de théâtre holi qu’il a entrepris de traduire en québécois.
 



Aujourd’hui je dois m’adresser à ses étudiants de littérature, je leur présente donc un survol des temps de la littérature marathie. Puis je passe à Jean mes .ppt qu’il convertit en .pdf et diffuse à ses étudiants. Jean me fait un cadeau -  Chronologie du québécois par Jean Forest.
Le bistro de la coop des étudiants offre un menu simple mais nourrissant. Nous revenons au pavillon 4, où se trouve le département de français, avec nos paquets et mangeons dans la salle des profs. Jean me présente à celles et ceux qui se trouvent là dont Julie qu’on avait croisée, Liette et moi, au supermarché.
                Retour chez Liette en sa compagnie, maintenant je crois pouvoir me débrouiller tout seule pour faire le chemin du Cégep à chez elle. Mais c’est prévu que le lendemain Jean viendrait me chercher car Liette doit partir tôt.
                Le soir nous allons chez Namrata Khandekar – Boileau, la fille de ma collègue Manjiri qui habite Sherbrooke depuis son mariage en 2009. C’est Namrata et Jean-Christian qui sont en fait à l’origine de ce projet « Québec-Maharashtra », car quand on a invité des projets en octobre 2011, Manjiri savait vers qui tourner, ayant fait la connaissance de nos futurs partenaires lors de sa visite en juin 2011.
                Les deux petits de Namrata - Rohan 2 ans et Sameer 5 mois - se ressemblent beaucoup. Olivier et sa conjointe Melissa qui ont mis Manjiri en contact avec Liette et Serge sont aussi là. La soirée est encore agréable avec un menu indien, après 10 jours. On se découvre en s’éloignant de son environnement. Lorsque nous avons pris congé des hôtes, et descendu l’escalier, Liette a voulu me rappeler que la voiture était à gauche. Je savais bien, mais moi, je voulais tourner pour agiter la main en « au revoir », Namrata était là, avec Jean-Christian et Rohan. Elle est restée jusqu’à ce que nos voitures ne s’éloignent.




Mercredi, le 16 octobre 2013
                Aujourd’hui je parle de la langue marathie devant les étudiants de langue. Jean les avait fait travailler en préparant des questions à propos du marathi. Dire tout à propos d’une langue en 90 minutes ! J’ai fait de mon mieux, je serai contente si quelques uns s’en inspirent pour apprendre la langue. J’ai laissé un  fichier pdf d’une méthode de marathi expliqué en anglais. Encore un cadeau pour moi, Anatomie du québécois par Jean Forest.
                Après le repas nous allons à la station de radio communautaire CFLX. Je remarque qu’il n’y a pas d’antenne ; effectivement, avec la diffusion par l’internet, on n’en a pas besoin. Nous croisons M. Le Maire qui sortait après son émission prévue pour plus tard ou en direct, je n’ai pas su. Sylvie Bergeron, elle aussi professeure au cégep de Sherbrooke a une émission hebdomadaire tous les samedis. C’est pour cela qu’elle nous interviewe, une vraie professionnelle, qui, plus tard, seulement en regardant les courbes intonatives, a su effacer les moments d’hésitations !
                Le soir Jean nous a invitées chez lui. Ses enfants nous ont fait bon accueil en disant Namaste en marathi. Ils sont tous très sages. Jean a prévu un repas indien, lui aussi ; la marque des légumes prêts à manger n’est pas connue en Inde. Il y a même des pains indiens. Jean-Philippe Boudreau, le collègue que je dois rencontrer le lendemain, fait un saut.

Jeudi, le 17 octobre 2013
                Les conférences sont toutes finies, aujourd’hui il y a deux réunions, la première avec Nathalie Watteyne. Je vais au centre Anne Hebert avec Serge. Ce centre abrite non seulement les ouvrages de l’auteure mais aussi sa collection personnelle des livres, les thèses sur elle, tout.
                Nathalie Watteyne et son conjoint François Hébert sont très chaleureux. Ils nous invitent à dîner. M. Hébert est un indophile qui a même écrit un livre De Mumbay à Madurai. Je découvre qu’il est en fait un poète et par la petite interaction qu’on a eue à table, il apparaît un homme fin. Avec Nathalie Watteyne on a maintenant un visage du département de la littérature de l’Université de Sherbrooke, j’espère pouvoir pousser un accord entre nos deux universités.




La deuxième réunion est au cégep où me conduit Serge Granger que je ne reverrai plus avant mon départ. Vraiment, pendant les dix jours il était mon ange.
                Au Cégep la réunion avec Sylvie Bréault, responsable de la mobilité académique internationale, Jean-Philippe Boudreau, conseiller pédagogique, et Liette Bergeron la responsable du programme Québec – Maharashtra fait sortir un projet tangible d’échange d’étudiants. Ils sont prêts à accueillir 10 étudiantes et un(e) enseignant(e) qui les accompagne. Les dates convenables des deux côtés sont les deux premières semaines d’avril. Et Jean-Philippe Boudreau va venir en février enseigner le cinéma québécois. Je récolte encore des cadeaux, d’une part les brochures etc. du Cégep, et d’autre part la revue Jet d’encre, dont Jean-Philippe Boudreau a piloté le dernier numéro qui porte sur Sherbrooke.
                Une dernière sortie ce soir, au lac MemphréMagog avec Liette. On fait un petit détour pour voir son ancienne maison au milieu de nulle part. Son compagnon de l’époque et elle avaient leur propre espace et habitaient l’une, au rez-de-chaussée et l’autre, à l’étage ! Même maintenant, l’autonomie reste la valeur incontournable pour elle – quelque chose que j’apprécie, mais qui m’a coûté cher dans ma vie.


                Il vente beaucoup au bord du lac, il y a à peine 4-5 visiteurs. Ce lac s’étend jusqu’aux États-Unis. J’ai du mal à imaginer que tous ces lacs se gèlent complètement en hiver, et qu’on fait du patinage au-dessus !
 

On n’attend pas le coucher du soleil pour faire du shopping. A Magog, endroit de villégiature, les magasins ferment à 18 heures au lieu du 21h habituel ! Trouver des cadeaux légers, pas trop chers comme des nappes, etc. ne donne pas grand-chose, tout est fabriqué en Chineou à Taiwan !
                Puis on va acheter des piments et des oignons pour faire des POHE le lendemain matin. Liette avait tous les ingrédients nécessaires, m’a-t-elle rassurée, surtout les POHE - des flocons de riz - qu’elle a apportés d’Inde. J’ai même confirmé que par moutarde, elle entend les grains et non pas la pâte. L’IGA n’a pas les piments qu’il me faut, nous allons au magasin Les 5 saisons. Liette est impressionnée par mon commentaire notant que les piments sont du nord de l’Inde.
                Puis la dernière aventure, manger la poutine authentique. Lorsque Liette était à Pune, elle avait remarqué poutine sur le menu du Chocolate Room. J’en avais commandé, même si elle était certaine que ce serait tout sauf ce qu’on appelle « poutine » au Québec et en effet, ce n’était pas une poutine, selon elle, c’étaient des frites qu’on trempait dans une sauce au fromage et au cari servie à côté. Depuis elle voulait me faire goûter à la vraie poutine. En effet, ce qu’on avait mangé était loin d’être de la poutine.
                Mais il y avait une véritable aventure qui m’attendait : le lendemain quand je veux faire des POHE, je trouve comme asafoetida et curcuma de durs morceaux ! Je n’avais pas imaginer une forme outre que poudre ; ma grand-mère se servait d’asafoetida en morceaux et quant au curcuma, elle et même ma mère en achetaient des morceaux en gros et puis les faisaient moudre à un grand moulin automatique situé dans un vieille ville consacrée aux épices où les grains comme le blé ou le riz ne se moulaient jamais. La poudre du curcuma était fait pour durer toute l’année. Mais finie cette pratique dans notre génération. Or, l’asafoetida se meule assez bien dans le moulin à café, mais le curcuma ne cède pas si facilement. Je suis désespérée. Les mixers sont pour faire des jus, rien pour les ingrédients sec… Liette se prépare pour aller chercher du curcuma en poudre… et puis elle se souvient d’un vieux gadget qui peut faire l’affaire ! Ouf ! Effectivement.
                Voici donc les POHE qui sont un des plats du déjeuner type des maharashtriens. J’aurai aimé les garder prêts avant l’arrivée de Jean, car ce n’est pas bien vue chez nous si le repas n’est pas prêt avant que les invités n’arrivent. Donc les voilà encore au four


Ainsi vient à son terme mon séjour dans un deuxième pays francophone, après la Suisse pendant six mois, il y a 18 ans. Le français est la langue qui est devenue ma passion, mon métier; et j'ai des amis surtout parmi les gens francophones. Et dire que lorsque j’ai commencé à apprendre le français avec mon Mauger bleu, mon premier manuel de français, la seule allusion à Montréal, même pas au Québec, était la famille Vincent qui visitait la France. Enfin, je découvre ce pays francophone où le français est resté une langue vivante en partie grâce à l’église catholique, mais surtout grâce à la détermination des Québécois qui voient dans le français leur identité, leur sens de parler le français original qui rend à la francophonie un grand service. Vive la mentalité rigide des hommes qui ont largement contribué à maintenir la diversité linguistique par le monde, quelque langue qu’elle soit !