Je suis de retour à Pune plus tôt que
prévu : merci, la vie !
C’est la première fois que je vis la
mousson, qui est bonne cette année. Alors qu’en février, je vivais les débuts
précoces d’une saison sèche, où le taux d’humidité devait être d’environ 10%, présentement,
ce serait plutôt 100% Tout gondole et
il faut faire attention aux trottoirs glissants – j’ai vu un écolier sortir en
courant d’un autobus et faire une belle glissade volontaire et contrôlée –, aux
flaques d’eau et aux autos qui passent
dedans ! La nature est luxuriante!
Mais trêve de discussion sur la
température! Cette fois-ci, seules les
étudiantes en deuxième année sont avec moi, l’entrée des premières années ayant
été retardée par une grève des professeurs. Sept jeunes femmes, que j’ai connues
en février, se retrouvent donc devant moi. Elles m’accueillent chaleureusement
avec un bouquet de fleurs et un stylo, fabriqué au Gujurat, si je me souviens
bien – zut, j’ai encore oublié de demander qu’on me confirme la chose. Je suis
très touchée.
De gauche à droite : Prajakta Thorat, Reetika Bhatia, moi, Meera Khrishnan et Aswini Vaishampayan.
Les retrouvailles avec les collègues,
Ujjwala et Sachin, sont aussi très chaleureuses. On discute corpus, évaluation,
possibilité de séjours au Québec, etc.
Pour cette troisième incursion en
littérature québécoise, j’ai décidé de leur parler de poésie. Non pas de
courants, mais d’auteurs. J’ai donc
choisi de travailler en profondeur les quatre poètes que voici : Émile
Nelligan, Hector de Saint-Denys Garneau, Anne Hébert et Hélène Dorion.
Nous allons procéder de façon
chronologique. Ainsi, nous débutons par
Nelligan, dont leur professeur de littératures francophones leur a déjà
parlé. Oups! Mais bon, comme c’est leur tout premier cours – Oui, oui! Cette semaine, elles n’ont que des cours de
littérature québécoise! –, un peu de révision démarre l’année en douceur. Et cela les prépare pour l’analyse des
autres poèmes qu’elles n’ont jamais lus.
Pour des étudiantes qui sont à la maitrise en langue française, manier
le langage poétique n’est pas nécessairement un exercice facile, surtout qu’une
seule étudiante a fait un bacc en littérature. Alors, répondre à trois
questions sur « La romance du vin » leur donne un peu plus de fil à
retordre. Mais en reprenant avec elles les différents éléments, elles
saisissent bien le sens du poème.
Nous passons au deuxième poète, Saint-Denys
Garneau, dont elles n’ont jamais entendu parler. Avant même d’aborder quoi que ce soit à propos de ce poète, je
leur propose d’écouter le poème visuel qu’est le film Saint-Denys Garneau, du réalisateur Jean-Philippe Dupuis. Ce n’est
pas un film facile, puisqu’il est lent, que beaucoup de poèmes sont lus, mais
c’est un film où la beauté des images, de la trame sonore rendent bien l’esprit
du poète. C’est un peu risqué, surtout
qu’il n’y a pas de sous-titres, mais la beauté des images, le travail sonore et
les poèmes ont réussi à créer la magie.
Leur première réaction est qu’elles n’ont
jamais visionné un film de ce type, qu’il faut quelques minutes pour s’habituer
au rythme lent. Cependant, même si parfois elles ne comprenaient pas tout ce
qui était dit – il faut dire qu’en plus, nous avions des problèmes de son L –, elles ont bien perçu les sentiments de Saint-Denys Garneau.
Elles ont trouvé que le travail du réalisateur leur permettait de bien
comprendre cela. Maintenant, que ce
film nous a mis en appétit, nous allons plonger dans les poèmes de Saint-Denys
Garneau.
On ne peut faire autrement que de commencer
par le poème liminaire, « Je ne suis pas bien du tout assis…». Le
contraste avec « Romance du vin » de Nelligan est grand. En analysant les deux à la suite, toute la
dense simplicité de Garneau est mise en évidence. Pour les étudiantes, le sens
premier du texte est plus facile à saisir, ce qui les met en confiance et
permet d’aller plus loin. Le deuxième poème « Portrait », elles l’ont
entendu dans le film d’hier. Le premier contact est établi. Ici encore, elles
peuvent facilement comprendre le poème, voir la façon dont Garneau procède pour
donner à voir cet enfant. Elles semblent bien saisir la portée du poème.